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Les Addictions

Pr AMALOU Pr AMALOU
December 13, 2025
4 min read

I. INTRODUCTION

Le diagnostic de dépendance, autrefois limité à l’alcool et aux produits illicites (dépendances physique et psychique), a évolué. Il ne nécessite plus de signes physiques de sevrage, reposant désormais sur des signes psychiques d’assuétude et de manque.

II. DÉFINITION DE L’ADDICTION

L’addiction est un processus où un comportement (plaisir ou atténuation malaise) est utilisé de manière incontrôlable et persistante, malgré la connaissance des conséquences négatives. Elle regroupe les troubles liés à l’usage de substances et les addictions comportementales (NTIC, jeux, achats, sexe, boulimie).

II.1. La Dépendance

Principaux critères :

  • Désir compulsif de consommation.
  • Difficulté de contrôle.
  • Prise pour éviter le syndrome de sevrage.
  • Besoin d’augmenter les doses (tolérance).
  • Place prépondérante du produit dans la vie.

II.1.1. Dépendance psychique

Impulsion nécessitant l’usage périodique ou continu d’une drogue pour plaisir ou annulation de tension.

II.1.2. Dépendance physique

Exigence de l’organisme pour un apport régulier d’une molécule chimique exogène afin de maintenir son équilibre. Objectivée par les symptômes physiques de sevrage.

II.2. La Tolérance

État d’adaptation nécessitant l’augmentation des doses pour obtenir les mêmes effets.

II.3. L’Accoutumance

Tolérance acquise progressivement permettant de supporter des doses croissantes sans effets secondaires, souvent associée au désir de répéter la consommation pour le plaisir.

III. LES DIFFÉRENTES SUBSTANCES

CatégorieExemples
HallucinogènesCannabis, LSD
Solvants volatilsColle, éther, essence, diluant
SédatifsMédicaments psychotropes (anxiolytiques, hypnotiques), opiacés (héroïne, morphine, codéine)
AlcoolBoissons alcoolisées
StimulantsCocaïne, crack, ecstasy

IV. CRITÈRES DIAGNOSTIQUES

IV.1. Critères de l’addiction selon Goodman (1990)

  • Impossibilité de résister à l’impulsion.
  • Tension croissante avant le comportement.
  • Soulagement ou plaisir pendant le comportement.
  • Perte de contrôle au début de la crise.
  • Au moins 3 des 7 critères de dépendance :
    • Syndrome de sevrage.
    • Épisodes plus longs que souhaité.
    • Tentatives infructueuses de réduction/arrêt.
    • Temps important consacré à l’addiction.
    • Diminution des activités sociales.
    • Poursuite malgré problèmes de santé.
    • Tolérance marquée.

IV.2. Critères d’abus et de dépendance (DSM-IV)

IV.2.1. Critères d’abus du DSM-IV (≥ 1 manifestation sur 12 mois)

  • Utilisation répétée entraînant incapacité de remplir des obligations.
  • Utilisation dangereuse (ex: conduite).
  • Problèmes judiciaires répétés.
  • Utilisation malgré problèmes interpersonnels/sociaux.

IV.2.2. Critères de la dépendance selon DSM-IV (≥ 3 manifestations sur 12 mois)

  • Tolérance : Quantités majorées ou effet diminué.
  • Sevrage : Syndrome caractéristique ou prise pour l’éviter.
  • Prise en quantité/durée supérieures au prévu.
  • Désir persistant ou efforts infructueux de réduction/contrôle.
  • Temps considérable consacré à la substance.
  • Activités sociales/professionnelles/loisirs réduites ou abandonnées.
  • Poursuite de l’utilisation malgré la connaissance des problèmes (physiques/psychologiques) exacerbés par la substance.

IV.3. Troubles de l’utilisation de substance (DSM-5)

Combinaison des critères d’abus et de dépendance du DSM-IV, avec :

  • Suppression du critère des conséquences judiciaires.
  • Ajout du craving (envie irrépressible du produit/comportement).

V. EFFETS DES DROGUES SUR LE CERVEAU

Les drogues activent le circuit de récompense cérébral (libération de dopamine dans le noyau accumbens), procurant un plaisir temporaire mais détruisant l’équilibre du circuit. Une récompense plus forte incite à la répétition.

VI. FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ ET DE RISQUE

La présence de facteurs de risque n’entraîne pas systématiquement l’addiction.

CatégorieExemples
IndividuelsComportement antisocial, faible estime de soi, impulsivité, hostilité, agressivité, exposition/cible de violence, perspectives favorables aux drogues, problèmes de santé mentale, consommation précoce.
AmisAppartenance à un gang, amis ayant attitude favorable/problèmes de drogues.
FamilleAntécédents familiaux de drogues/alcool, mauvais traitements, violence familiale, environnement chaotique, surveillance parentale insuffisante, maladies mentales chez les parents.
ÉcoleRefus de participation, attitude négative, rendement insatisfaisant, difficultés d’apprentissage, absences répétées.
EnvironnementDisponibilité/consommation de drogues dans le voisinage, pauvreté, absence d’activités sociales organisées pour les jeunes.

VII. COMPLICATIONS

  • Intoxication aiguë : Overdose avec coma.
  • Infectieuses : HIV, hépatites B et C.
  • Générales : Amaigrissement et altération état général (AEG).
  • Psychiatriques : Syndrome dépressif, psychoses.
  • Sociales : Isolement, fréquentation milieux marginaux (délinquance, banditisme).
  • Judiciaires : Sanctions pénales (obligation de soins, emprisonnement, amende).

VIII. PRISE EN CHARGE

Globale, médico-psycho-sociale, pluridisciplinaire (médecin généraliste, addictologue, psychiatre, psychologue, travailleurs sociaux).

  • Volet médicamenteux : Neuroleptiques, anxiolytiques, antidépresseurs, anticonvulsivants, etc.
  • Volet psychothérapique : Psychothérapie de soutien, TCC, thérapie familiale.
  • Accompagnement social : Favorise resocialisation et réinsertion. Aide le patient dans ses démarches, son quotidien pour réinvestir les liens sociaux, développer compétences sociales et relationnelles, en vue d’autonomisation et responsabilisation.