I. INTRODUCTION
- L’anxiété normale fait partie de la vie, mais l’anxiété pathologique empêche de vivre.
- Intérêt : Pathologies psychiatriques fréquentes, souvent diagnostiquées tardivement (consultations d’urgence ou spécialisées).
II. DÉFINITIONS
II.1. Anxiété Normale
- Émotion physiologique, rôle adaptatif face aux stimuli soudains, inhabituels ou menaçants.
- S’exprime dans trois registres : psychologique, comportemental et somatique.
- Devient pathologique si trop intense, inadaptée, disproportionnée, ou entraîne un handicap social/professionnel.
- Modifications physiologiques : Stimulation axe hypothalamo-hypophyso-corticosurrénalien (cortisol), activation adréno-sympathique (adrénaline, noradrénaline), hyperventilation, hypocapnie, hypervigilance, activation fonctions cognitives (alarme).
II.2. Anxiété Pathologique et Troubles Anxieux
- Sentiments intenses et prolongés de peur et de détresse, hors de proportion avec la menace réelle.
- Empiètent sur le fonctionnement quotidien normal.
- Actuellement : troubles anxieux (anciennement : Névrose).
II.3. Sémiologie des Troubles Anxieux (DSM-5)
Six troubles anxieux :
- Trouble panique.
- Trouble anxiété généralisée.
- Agoraphobie.
- Phobie spécifique.
- Trouble anxiété sociale (Phobie sociale).
- Anxiété de séparation.
- Mutisme sélectif.
III. TYPES DE TROUBLES ANXIEUX
III.1. Trouble Panique (Attaque de Panique)
- « Crise d’angoisse aiguë », peut survenir chez sujet indemne. Répétition fait le trouble.
- Clinique : Début brutal (max 10-30 min), limitée dans le temps. Symptômes somatiques au premier plan (précordialgies, étouffement, malaise). Cognitions « catastrophiques » (perte contrôle, danger imminent, peur de mourir/infarctus/AVC, perdre connaissance/équilibre, devenir fou, vomir). Modifications perceptuelles (visuelles, auditives, temporelles, déréalisation, dépersonnalisation).
- Étiologies possibles : Crises isolées adolescence, provoquées par stimulus phobogène, d’origine toxique/médicale/iatrogène, liées à amplification ruminations dépressives/anxieuses (auto-déclenchées), « spontanées » (panique nocturne).
- Trouble Panique : Début vers 25-30 ans (2F/1H). Répétition crises spontanées avec anxiété anticipatoire et anxiété focalisée (agoraphobie). Évolution fluctuante. Complications : dépression, alcool, invalidité.
III.2. Les Phobies
- Phobies Sociales : Peur de situations sociales multiples (parler en public, manger, téléphone, toilettes, être abordé). Début enfance/adolescence. Évolution chronique, diagnostic tardif (8-15 ans). Premières consultations liées aux complications (dépression, alcoolisme). Aspects psychologiques (peur de rougir, trembler, bafouiller, être ridicule, autodévalorisation). Situations phobogènes appréhendées, évitées ou confrontées avec anxiété majeure. Retentissement fonctionnel important. Souvent associées à personnalités évitantes.
- Phobies Spécifiques : Début enfance, très fréquentes, pas toujours pathologiques. Anxiété intense immédiate/systématique lors exposition à objet/situation spécifique. Exposition souvent appréhendée (anxiété anticipatoire) et évitée. Types : Animaux, Environnement naturel, Sang/injections, Situations (endroits clos, avions). Dimension pathologique liée à gravité évitements.
- Agoraphobie : Anxiété focalisée sur situations où patient craint de se retrouver seul, faire un malaise ou perdre le contrôle. Situations phobogènes : conduite auto, magasins, transports, être seul/loin pôle sécurité, foule, files d’attente, être enfermé/loin sortie, ponts, tunnels, escaliers roulants, ascenseurs, grands espaces, vide, hauteurs, coiffeur, dentiste, médecin, hôpital.
III.3. Trouble d’Anxiété Généralisée (TAG)
- Évolution chronique (> 6 mois). Début âge adulte (parfois stress/changement). Appréhensions continues vie quotidienne (travail, famille, argent, santé) avec surestimation probabilités événements négatifs réalistes. Pas de lutte anxieuse contre inquiétudes (contrairement au TOC).
- Cognitions anxieuses incontrôlables, troubles attention/concentration. S’accompagnent de symptômes d’hypervigilance (insomnie, tension musculaire parfois douloureuse, réactivité accrue, fatigabilité, hyperactivité, agitation). Longue histoire troubles fonctionnels : céphalées, troubles digestifs, rachialgies, insomnie.
III.4. L’Anxiété de Séparation
- Définition : Affecte enfants/adolescents. Anxiété excessive lorsque sujet est séparé des personnes d’attachement.
- Clinique : Détresse excessive situations séparation (ou anticipation). Crainte persistante disparition figures d’attachement. Équivalents d’évitements : refus école, rester seul, dormir sans figure d’attachement. Cauchemars répétés thème séparation. Plaintes somatiques/fonctionnelles. Physiologique avant 6 ans. Pathologique si altération fonctionnement social/scolaire ou intensité détresse. Peut persister adolescence/âge adulte.
III.5. Le Mutisme Sélectif
- Incapacité de parler dans certaines situations (stress), évolue depuis > 1 mois. Ex: parle normalement à la maison, incapable à l’école. Conséquences psychologiques, scolaires, sociales importantes justifiant dépistage/prise en charge précoce. Lié à l’anxiété sociale (équivalent phobie sociale chez l’enfant).
IV. TROUBLES OBSESSIONNELS COMPULSIFS (TOC)
- Début progressif enfance/adolescence, consultation tardive.
- Deux types de symptômes : isolés ou associés.
- Obsessions : Intrusion subite pensées/images inappropriées entraînant inconfort (caractère anxiogène/inacceptable).
- Compulsions : Comportements/actes mentaux répétitifs (compter, prier) accomplis pour diminuer anxiété.
- Patient reconnaît nature pathologique. Interfèrent avec activités (> 1h/jour) et vie affective (50% célibataires).
- Comorbidité : Tics, dépression, schizophrénie, troubles conduites alimentaires (femmes).
- Formes invalidantes « Lenteur obsessionnelle primitive » (indication chirurgie).
V. PRISE EN CHARGE
- Entretien basé sur « INFORMATION, RÉASSURANCE ».
- Pharmacologique :
- Antidépresseurs (ISRS : paroxétine, imipramine) : Début progressif (intolérance fréquente), posologies antidépressives. Durée et posologie dépendent du trouble.
- Benzodiazépines (tranxene, lexomil).
- Psychologique : Contrôle respiratoire, relaxation, TCC (Thérapies Cognitivo-Comportementales), exposition (situations, symptômes).
VI. CONCLUSION
Les troubles anxieux sont parmi les pathologies psychiatriques les plus rencontrées. Large éventail de symptômes, facilement confondus avec pathologies somatiques. Entraînent souffrance significative, absence prise en charge mène à complications (alcoolisme, dépendance, dépression). Important : reconnaître, traiter prudemment/adapté, adresser au spécialiste.